Jean-Paul BRUNEAU, Président fondateur de l’Association Nationale EDVO depuis 1987, ex-policier spécialiste dans le domaine des stupéfiants et ex-formateur anti-drogue de la Police Nationale, insiste sur l’éducation première, donnée par les parents. Il souligne, combien la seule recherche du plaisir immédiat dans l’enfance peut induire plus tard une psychologie toxicomaniaque. « La plus forte dépendance des produits psychoactifs, est liée au plaisir ou soulagement immédiat et sans effort qu’ils procurent. Si les parents aident leur enfant à se construire de l’intérieur, à grandir avec ses émotions pour apprendre à les gérer en terme de plaisir, à découvrir des centres d’intérêt qui donnent du sens à sa vie, ils le rendent fort contre les sollicitations. »

Et lorsque eux-mêmes donnent l’exemple d’une dépendance, comme celle du tabac ?

« Quand le parent reconnaît ses faiblesses et permet à son enfant de reconnaître les siennes, il devient possible d’en parler. Le déni engendre chez l’adolescent le même fonctionnement et coupe toute communication sur ce problème. L’honnêteté et l’expression des émotions, qui sont les bases de la rééducation des ex-toxicomanes dans notre association, sont fondamentales dans la relation parents-enfants. L’écoute et le dialogue sont à la base de tout. Pour moi, l’essentiel est d’arriver à développer le sens critique de l’enfant puis de l’adolescent. Sinon, il passe à l’acte sans trop savoir pourquoi, par curiosité ou pour faire comme les autres. »

Et lorsqu’il a essayé l’un ou l’autre produit ?

« La recherche de tout adolescent passe par l’expérimentation. C’est une façon de grandir. Il cherche aussi chez ses parents les limites qu’il n’a pas su se fixer ».

Si son comportement laisse penser de façon évidente qu’il use de produits, que faire ?

« L’écouter, lui permettre d’exprimer ce qu’il vit sans juger et chercher à savoir ce qu’il demande au produit. L’aider à trouver les bonnes pistes pour sortir de son état ou l’amener à réfléchir sur les conséquences de sa conduite à risque. Le groupe souvent constitué d’adolescents qui ont les mêmes problèmes, a plus d’influence que le parent. La prévention, c’est aussi l’entraide entre parents, en lien avec le groupe, et celle-ci n’est pas assez développée[1]. »

[1] (JP.Bruneau reçoit beaucoup d’adolescents et de parents dans ce contexte à EDVO). Selon l’INSERM (en 2003) prés de 60 % de l’argent de poche des 17/18 ans passe dans leur consommation d’alcool, de tabac et de cannabis

Plus de la moitié des 14 à 25 ans admettent consommer occasionnellement du cannabis et 1/3 en consomment au moins 10 fois par mois. Cette drogue n’est pas si douce que ça puisqu’elle entraîne échec scolaire, démotivation, « j’m’en foutisme » et bien d’autres perturbations à ce moment précieux de la vie. La banalisation, l’effet mode ou socio-culturel favorisant l’expérimentation et le rajeunissement des usagers, nous amène à constater une progression des polyconsommations chez des adolescents.
Dès qu’il y a usage régulier de cannabis, pour 1/10, la même personne prendra de l’ecstasy ou de la cocaïne pour avoir la « pêche », de l’héroïne ou du subutex (substitution pour héroïnomane) pour calmer l’angoisse liée à la « descente » et fume du cannabis pour fuir son mal être entre temps, sans parler de l’alcool et du pillage de la pharmacie familiale. « Si certains semblent céder au pessimisme, à EDVO nous faisons partie de ceux qui s’opposent à toutes formes de laisser-aller en matière de consommation de stupéfiants. Nous prouvons, dans toutes nos conférences et formations, qu’il fait bon vivre sans drogue. Nos actions ont aussi pour objectif de rendre le jeune, acteur de prévention dans son environnement.

Demander de l’aide

Jean-Paul BRUNEAU accueille et suit des toxicomanes, héberge des sortants de cure ex-toxicomanes en vue de leur réinsertion, mène également des actions de prévention dans le milieu scolaire avec témoignages de ses pensionnaires. Partant de son expérience, il estime que les parents ne sont pas forcément les mieux placés pour aider un jeune qui a plongé : « Ils doivent essayer par le dialogue d’en savoir plus, pour cerner avec leur enfant ce qui pose problème dans sa vie. Pour débloquer la situation, il sera nécessaire de faire appel à des personnes extérieures en qui le jeune a confiance ou à un spécialiste. Trop souvent, les parents s’isolent et culpabilisent au lieu d’oser demander de l’aide le plus tôt possible. Il existe toujours quelqu’un dont le savoir-faire ou l’expérience peut servir à l’autre. Personne ne peut sortir quelqu’un de la drogue malgré lui, mais on peut lui dire : « Tu viendras m’en parler quand tu auras envie[2]… »

[2] (EDVO reçoit, conseille et peut aider utilement dans ce domaine toute personne en difficulté).

Mal-être qui s’installe dans le lien affectif avec une personne malade dépendante.

La codépendance (ou dépendance relationnelle) est un ensemble de comportements inadéquats d’un proche à l’égard d’une personne dépendante avec laquelle il est impliqué dans une relation. Il se fait alors une obsession de contrôler le comportement de la personne dépendante malgré les conséquences (émotionnelles, physiques, matérielles…) que cela peut engendrer pour lui et/ou pour l’autre et/ou pour le restant de la famille.

La codépendance est caractérisée par le déni (refus inconscient de se rendre compte de la réalité du problème) qui empêche de chercher de l’aide.

Points de ressemblance avec la dépendance

  • Obsession : être incapable d’écarter de ses pensées la personne dépendante quelques soient ses activités ; besoin de contrôle de l’autre pour échapper aux angoisses générées par les absences ou fuites…

  • Compulsion : être incapable de s’empêcher d’intervenir pour régler, voire même anticiper, les problèmes que pourraient subir le dépendant et se faire ainsi manipuler par le dépendant.

  • Progressive : elle s’installe petit à petit et fait accepter malgré soi des actes qui vont de plus en plus loin.

  • Le déni : perdre tout discernement et ne pas admettre cet état de fait ; devenir hermétique à tous conseils ou critiques.

  • Responsabilité excessive : se sentir de plus en plus responsable de la vie de l’autre en s’oubliant.

  • Le contrôle : tenter de contrôler l’environnement du dépendant alors que le dépendant lutte pour protéger sa consommation.

Questions

  • Ai-je des comportements codépendants ?

  • Mes tentatives de sauver et contrôler l’autre ont-elles fonctionné ?

  • Que puis-je faire de différent ?

Si vous ressentez de la culpabilité quand votre proche a un problème,
Si vous vous sentez obligé, voire presque contraint, d’aider l’autre,
Si vous dites oui quand vous voulez dire non et prenez en charge des tâches qui appartiennent à l’autre,
Si vous ne respectez pas vos limites,
Si vous avez de la peine à demander de l’aide,
Des groupes de parole sont organisés pour vous aider.

« Vivre et laisser vivre »

Si vous pensez que votre enfant se drogue… boit trop d’alcool…

Nous vous proposons de participer à un « groupe de parole » qui réunit des parents confrontés à la consommation de drogue ou d’alcool de leurs enfants.

Votre enfant vous inquiète

  • il a changé

  • il s’emporte facilement

  • parfois, il devient agressif

  • il ne travaille plus

  • il ne vous écoute plus

  • il parait nerveux, insaisissable, en souffrance…

  • vous ne savez plus comment lui parler

  • vous ne le comprenez plus

  • peut-être n’avez-vous plus vraiment confiance en lui

  • vous ne savez pas comment l’aider

Ce « Groupe Parents » vous propose un espace pour partager les difficultés que vous rencontrez dans vos relations avec votre enfant.

Avec d’autres parents, vous pourrez mieux comprendre, mieux faire face, vivre différemment, penser autrement… ce qui se passe entre votre enfant et vous.