Parcours de soins

Le modèle s’appuie sur la vie de groupe particulièrement restructurante pour une personne arrivée en fin de parcours, isolée, désocialisée, en perte de sens. Après un sevrage qui peut durer 1 à 3 semaines en milieu hospitalier selon l’addiction, nos résidents ont suivi une thérapie intensive pratiqué en centre de soins sur 8 à 12 semaines.

A la sortie du centre de soins, après avoir réappris à vivre sans produit, quittant ce groupe très contenant, vient ce moment particulièrement anxiogène pour le patient. Généralement, il ne veut plus retourner dans le contexte géographique qu’il connaissait avant. Par conséquent, nous avons une majorité de résidents venant des autres départements.

Pour la majorité, ils anticipent et demandent un accompagnement thérapeutique s’inscrivant dans la continuité en particulier auprès d’EDVO qui répond à ce besoin sur 12 mois sur le même modèle thérapeutique, en fonction de sa capacité d’accueil.

L’expérience du changement est une étape particulièrement sensible et le risque de rechute est aigu. Elle se fait par étapes avec un accompagnement par des professionnels au sein de la structure.

Le passage du groupe à l’individu, de l’identification des problèmes (la dépendance) à la singularité de vie doit être accompagné dans une structure thérapeutique et socio éducative.

La reconstruction personnelle passe par l’acceptation des autres et des règles régissant toute communication.

L’expérience collective et la vie communautaire imposent des règles de vie : Véritable école de communication et de réinsertion.

Pour le résident, le fait d’accepter des règles de vie communautaire activera son sens des responsabilités et lui permettra de devenir acteur (ce qui est particulièrement gratifiant).

La possibilité du changement est reconnue à la personne dépendante

Trop souvent, la personne dépendante se ressent comme incapable, dominée par des pulsions incontrôlables, enfermée dans une situation indicible, jugée négativement et définitivement par les autres.

Le groupe et l’environnement professionnel vont renvoyer une autre image de la dépendance, et permettre l’espérance. La motivation vient souvent en cours de route, des éléments déclencheurs sont à investir par chacun dans les activités hebdomadaires proposées..

L’abstinence comme condition

Dans ce modèle la dépendance est considérée comme une maladie incurable et progressive. Par conséquent, le maintien dans l’abstinence est au cœur du processus thérapeutique.

Les rechutes sont clairement identifiés et servent de tuteurs au maintien de l’abstinence. La prévention de la rechute est un principe actif de la thérapie et s’appuie sur la valorisation de l’abstinence.

Dans le modèle, l’abstinence est une condition incontournable pour en sortir et « rebondir », mais elle n’est pas le but du rétablissement. Elle constitue un préalable et non une fin en soi.

La démarche thérapeutique vise à transformer l’échec en expérience, au bénéfice d’une réhabilitation sociale et affective. L’abstinence est vécue comme un « plus » et non comme facteur de frustration. Elle est consentie et non subie.

Le maintien dans l’abstinence est lié à la motivation et l’implication du patient dans son rétablissement. Mais c’est aussi lui qui génère sa restructuration.

La réinsertion sociale est indissociable de la confiance en soi de la personne et de sa capacité à élaborer des perspectives de vie, acceptables par elle et en référence à ses valeurs.

L’apprentissage de la responsabilité à EDVO

L’abstinence n’est pas un état mais un facteur de construction et d’évolution vers de nouvelles perspectives de vie. La personne dépendante redevient actrice, et c’est cette énergie remise en action qui redonne le sens de la responsabilité de soi.

C’est aussi le passage de victime à responsable.

Si le patient n’est pas responsable de sa maladie, il l’est de son rétablissement. L’organisation de la vie communautaire est faite pour qu’il puisse exercer des responsabilités, et la dynamique de groupe nécessite une participation active : rôle de leader ou de co-leader sur 15 jours pour des activités au sein de la structure, témoignages auprès de jeunes consommateurs accompagnés de ou des parents dans notre point écoute, sorties sportives, 2 groupes thérapeutiques hebdomadaires et 4 séances de régulation mensuelles, entretiens individuels avec  la conseillère ESF, les thérapeutes ou la psychologue sur son initiative pour le rendez-vous.

Il apprendra à gérer son adresse e-mail, son dossier administratif, son passif judiciaire ou pénal, son surendettement, ses loyers impayés, son déménagement et la restitution de son ancien appartement etc…, pour la plupart c’est un véritable réapprentissage où il faut poser des actes mais nous ne nous substituons pas à leur responsabilité. Le thérapeute référent ou l’équipe encadrante, encourage, redynamise, rappelle, demande des résultats, met des limites, valorise l’acte posé mais surtout l’acteur responsable.

La vie communautaire et l’entraide

La vie communautaire est révélatrice des comportements à changer, et laboratoire d’expérimentation du changement. L’approbation ou la gratification du groupe sont très motivants.

La vie communautaire est le cadre qui permet la démarche thérapeutique. Le vécu de chaque patient ou résident offre une visibilité aux autres, et constitue une partie de la matière sur laquelle la thérapie va œuvrer.

Vivre ensemble permet de devenir responsable et acteur de son lieu de vie et de rétablissement. Sur ce terrain l’encadrement des plus anciens et la validation de cette expérience sont des facteurs rassurants. Redevenir acteur de sa vie tout en apportant de l’aide est gratifiant. Savoir s’affirmer et ne pas être complaisant est constructeur.

L’entraide est un rempart contre la rechute et contre les comportements de transfert addictifs.

La validation et le renforcement de l’abstinence se fait par l’expérience personnelle, mais aussi par la transmission et l’entraide des anciens résidents aux nouveaux, en particulier dans les groupes accueil du mercredi soir suivi d’un repas collectif entièrement géré par le groupe. Ce groupe permet aux nouveaux de se présenter et de mieux connaître l’ensemble des pensionnaires ; nos anciens pensionnaires viennent un groupe sur deux, y apporter leur témoignage de vie avec 6 mois à 14 ans d’abstinence selon l’ancienneté.

Le modèle utilisé en centre de soins puis à EDVO

La méthode d’accompagnement inspirée du Modèle Minnesota est une thérapie brève et intensive basée sur « l’ici et maintenant ».

Notre méthode est une approche cognitivo-comportementale qui a su évoluer au fil du temps.

La personne dépendante est soutenue par une approche cognitive et comportementale, programmatique, qui va lui permettre de se distancier de son statut de consommateur, de se réapproprier son histoire, puis de devenir actrice de sa thérapie, à travers les liens et l’entraide de ses pairs. Cette approche est adaptée aux problèmes de l’addiction.

C’est également une démarche apparentée aux communautés thérapeutiques. Le « vivre-ensemble » constitue le cadre d’expression de chacun dans sa relation aux autres, et le laboratoire d’expérimentation de nouveaux comportements. « La participation à la vie collective selon des règles définies, auxquelles la personne a librement souscrit constitue le cœur du processus thérapeutique ».

Les poly-toxicomanies et le passage d’un produit à un autre étant très fréquents (alcoolisation comme mode de sortie de l’héroïne ou dépendance aux médicaments pour sortir de l’alcoolisme), la démarche thérapeutique ne focalise pas sur les différents “produits de choix”, mais plutôt sur l’incapacité de la personne à maîtriser sa consommation de produits en général, et sur les conséquences qui en découlent.

Le fait d’écouter l’expérience d’une personne qui a pris d’autres produits pour se sortir du (ou des) précédent(s), a une fonction préventive pour une personne dépendante qui pourrait avoir envie de les essayer plus tard, ou croire qu’elle pourrait les consommer sans danger.

Malgré le fait qu’en France, beaucoup de professionnels posent la question des difficultés de travailler avec “deux ou trois populations, voir plus” (malades alcooliques, toxicomanes, malades des jeux, pharmacos dépendants, ….) l’expérience ailleurs depuis des dizaines d’années montre que les demandeurs de soins se reconnaissent dans la notion générique de la dépendance.

Ces personnes dépendantes intègrent bien l’idée d’une similitude de leur problématique. De plus, une grande partie d’entre elles a déjà fait l’expérience d’autres produits pour “régler le problème”. Elles ont fait elles-mêmes le constat qu’elles réagissent de façon semblable face à tout produit, et non seulement face à leur “produit de choix” : Le problème n’est pas le produit, mais la relation au produit.

Quelques bases du travail thérapeutique à l’EDVO

L’éloignement géographique des lieux de consommation et des fréquentations initiales est nécessaire, surtout pendant et après sevrage, mais aussi pendant le séjour en centre de soins puis à EDVO et surtout la première année.

La rupture avec les habitudes et le repérage des dangers se fait avec les appuis offerts par le groupe et les professionnels :

  • soutien de l’instabilité émotionnelle générée par la reprise de contact avec la réalité extérieure

  • consolidation de la motivation de la personne en valorisant ses acquis

  • activation des ressources de la personne

  • restauration de l’estime de soi

L’entraide, la reconstruction de liens positifs participent à la restauration de l’estime de soi par la restitution des valeurs personnelles et de l’affirmation de soi.

Tous ces éléments du rétablissement sont nécessaires pour un retour à une autonomie durable et confortable, où l’épanouissement doit être manifeste pour produire l’effet miroir recherché et avoir de l’attrait pour les autres.